Petite Histoire des Contenants Cosmétiques (2/2) : Objets de désir : l’art des contenants cosmétiques anciens du XVIIe au XXe siècle
- bambou-ecopack
- 6 avr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 avr.

Source Caroline Legrand
Du poudrier d’ivoire de Marie-Antoinette au flacon nacré des favorites de Louis XV, en passant par les créations en faïence de Guerlain, les contenants cosmétiques anciens racontent bien plus que l’histoire de la beauté. Ils sont les témoins silencieux d’un art de vivre, d’une époque, et d’un regard posé sur le corps. Suivez-nous dans ce voyage en images à travers trois siècles d’élégance et de raffinement.
Beauté Royale
Bien avant que le packaging ne devienne un argument marketing, il fut un art de vivre, un symbole de raffinement, et parfois même un manifeste social. Chaque contenant cosmétique, du plus simple flacon en nacre au poudrier émaillé signé Lalique, est une capsule du temps, révélant les secrets de la coquetterie à travers les âges.
Les fastes de la cour : Louis XIV, Louis XV et Louis XVI
Sous le règne du Roi Soleil, la beauté se théâtralise. Les boîtes à poudre de l’époque Louis XIV, souvent finement décorées, s’invitent dans les rituels de toilette des dames de cour comme des gentilshommes. À cette époque, le teint poudré est synonyme de noblesse, d’élégance et de distinction.

Puis vient le temps de la délicatesse galante, où les objets deviennent de véritables bijoux. Le flaconnier en nacre en forme de cœur, époque Louis XV, évoque cette légèreté précieuse propre au siècle des Lumières. C’est une époque où l’art du parfum se raffine, et les contenants deviennent presque plus précieux que leur contenu.

Le raffinement atteint son apogée sous Louis XVI.
La boîte à mouches ovale en ivoire, ornée d’or ciselé et de symboles floraux et serpents entrelacés, incarne cette sophistication extrême. Les mouches, petits morceaux de velours noir appliqués sur le visage, sont autant d’accessoires de séduction que de camouflage élégant. Ces boîtes, souvent multifonctions, renferment rouge, pinceaux, et secrets.


Boîte à mouches et à fard en ivoire, de forme ovale, contenant un petit miroir, une houppette à monture d’ivoire, une boîte à rouge de même matériau et un petit compartiment pour les mouches
La fin du XVIIIe siècle : l’ère des nécessaires de beauté
À mesure que l’on s’approche de la Révolution, les nécessaires de beauté deviennent plus pratiques, tout en conservant une noblesse d’exécution. La boîte à rouge en bois de rose, garnie de soie et de porcelaine blanche dorée, illustre cette nouvelle harmonie entre fonctionnalité et raffinement.

Quant à la boîte à mouches et à fards, avec son petit miroir, ses compartiments et sa peinture à l’antique, elle évoque une époque où l’on emportait sa beauté partout, toujours enveloppée de poésie et d’art.
XIXe siècle : entre sciences et superstitions
Le XIXe siècle romantique s’ouvre sur des innovations étonnantes… et parfois audacieuses. C’est l’époque des crèmes à base de graisse d’ours, censées stimuler la pousse des cheveux et prévenir leur décoloration. Le contenant devient un vecteur d’imaginaire exotique : illustrations foisonnantes, textes explicatifs, et matériaux inédits. On vend du rêve, souvent avec une touche de mystère.

La crème de limaçon, avec ses pots illustrés, ou encore l’Opiat dentifrice breveté par Guerlain, montrent que l’esthétique du contenant suit une narration quasi scientifique, avec estampilles officielles et slogans patriotiques.


La Pyrommée de Guerlain, elle, incarne cette fascination pour l’Orient : un khôl revisité, présenté dans un flacon mystérieux inspiré des secrets persans, à la croisée de l’alchimie et du luxe.

Au milieu du XIXe siècle, Pierre-François-Pascal Guerlain crée « La Pyrommée » un maquillage inspiré du khôl, qui sera commercialisé pendant un siècle
Début XXe : l’Art nouveau rencontre la cosmétique
À l’orée du XXe siècle, les contenants cosmétiques deviennent de véritables œuvres d’art. La poudre de riz Pero Tokalon, dessinée par René Lalique en 1923, reflète toute la beauté de l’Art nouveau : lignes fluides, courbes féminines, nature stylisée. L'objet dépasse sa fonction, il est un manifeste esthétique.

L’illustration est une réalisation de René Lalique
La Crème Sid-Ous de Guerlain, dans son pot bleu nuit en faïence émaillée, et l’étui métallique de rouge à lèvres raisin avec miroir, évoquent une femme moderne, libre, voyageuse… mais toujours attachée à la beauté.

Pot en faïence émaillée de couleur bleu nuit et blanc, et de forme cylindrique.
Enfin, le vernis à ongles ancien de la maison Perron-Rigot, fondée en 1936, clôt cette fresque en annonçant la professionnalisation du soin. Le contenant devient technique, mais n’en oublie pas son élégance.

Flacon en verre, bouchon émeri avec pinceau, de la maison Perron-Rigot fondée rue saint Florentin à Paris en 1936
Conclusion : l’objet cosmétique comme mémoire du temps
Derrière chaque flacon, chaque boîte à poudre, chaque étiquette aux lettres dorées, se cache une époque, un idéal de beauté, un geste transmis. De Versailles à la Belle Époque, ces contenants cosmétiques racontent une histoire précieuse — celle de la séduction, du soin de soi, et de la magie du beau.
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