top of page
Rechercher

Histoire des contenants cosmétiques depuis l’Antiquité (1/2)

Dernière mise à jour : 6 avr.


Trois coquilles bivalves antiques qui contiennent des pigments cosmétiques rouges, verts et noirs.
Ces trois coquilles bivalves contiennent des pigments cosmétiques rouges, verts et noirs. Des traces de pigment vert sont visibles sous le pigment noir. Période dynastique ancienne, vers 2600 av. J.-C. Provenant du cimetière royal d'Ur, Mésopotamie du Sud, aujourd'hui Irak.

 

Voyage à travers le temps : l’histoire des contenants cosmétiques depuis l’Antiquité


Depuis l’aube des civilisations, l’être humain a toujours cherché à soigner son apparence. Crèmes, huiles, fards, teintures… Les cosmétiques ont traversé les époques, tout comme les contenants qui les abritaient. Suivons ensemble le fil de cette histoire fascinante, de l’Égypte antique à Byzance.



Pot romain antique à parfum en ambre représentant des amours et une panthère
Un pot à parfum en ambre représentant des amours et une panthère. Romain, Aquilée, 100-120 CE.


Égypte ancienne : beauté et sacré ne faisaient qu’un


Les Égyptiens, hommes comme femmes, accordaient une grande importance à l’apparence. Bien plus qu’une simple coquetterie, la beauté était aussi liée au spirituel, au bien-être, voire à la santé.

Ils utilisaient des fards à paupières faits de galène noire ou de malachite verte, pour souligner les yeux comme ceux de Toutankhamon ou Néfertiti. Le maquillage avait aussi une fonction protectrice contre le soleil et les infections.

Les parfums et huiles à base d’encens ou de myrrhe étaient précieux. L’encens servait à parfumer la peau, masquer l’haleine, fortifier les cheveux… On raconte que la reine Hatshepsout lança une expédition au pays de Pount pour rapporter des myrrhes à replanter dans son temple.


Les contenants cosmétiques égyptiens 


De simples tubes en roseau aux flacons en albâtre, faïence ou verre soufflé en forme de poisson ou de femme. Les plus riches conservaient leurs trésors de beauté dans des coffrets en bois, accompagnés de miroirs, rasoirs et pinces à épiler.



Cuillère à cosmétiques antique en bois en forme d'ankh.
 Cuillère à cosmétiques en bois en forme d'ankh. La tige est représentée comme une tige de papyrus en fleurs tenue par deux figures de Bès (tournées vers l'intérieur). Elle est incrustée de pâte vert-bleu. Provenant de la tombe du gouverneur Menena à Sedment, Égypte, XVIIIe dynastie, 1549-1292 av. J.-C.


Grèce antique : l’origine du mot "cosmétique"


C’est aux Grecs que l’on doit le mot kosmetika, qui désignait les soins pour la peau, les cheveux et les dents. Le maquillage en tant que tel était appelé kommotikon.

Les femmes grecques utilisaient poudres blanchissantes pour la peau, rouge aux joues, fard à paupières, et même des teintures capillaires. Certaines recettes faisaient frémir : des sangsues trempées dans le vin, ou encore un mélange de suie, safran, cendre… Les cendres servaient aussi à nettoyer les dents !

Certaines substances exotiques comme la graisse de laine, les excréments de lézard ou encore la cendre d’escargot étaient couramment utilisées pour soigner la peau.

Malgré les critiques de certains penseurs qui associaient le maquillage aux courtisanes, les femmes de toutes classes sociales continuaient à se parer.


La pyxide ou pyxis est un récipient grec ancien, généralement en céramique, sans poignée et avec un couvercle, utilisé pour conserver les onguents, les cosmétiques et les bijoux.

Caractérisé par la variété de ses formes et de ses tailles, il se distingue par ses décorations, souvent des scènes féminines, qui reflètent la culture et l’art de la Grèce classique.


Pyxide antique supposée d'Italie, côte syro-palestinienne,
Pyxide, supposée d'Italie, côte syro-palestinienne, 1re moitié du Ier siècle apr. J.-C.,

 


Une pyxide corinthienne moyenne (boîte à cosmétiques)
Une pyxide corinthienne moyenne (boîte à cosmétiques) qui montre des frises de lions, de sirènes, de sphinx et d'oiseaux.

Rome : raffinement et contradictions


Chez les Romains, le maquillage était l’affaire des femmes. Les hommes trop préoccupés par leur apparence étaient raillés, à l’image de l’empereur Othon accusé de se pomponner chaque matin.

Cela n’empêchait pas l’industrie cosmétique de prospérer. Les Romaines utilisaient crèmes, pâtes pour le teint, parfums, et la fameuse lotion au lait d’ânesse — prisée par Poppée, épouse de Néron, qui se baignait chaque jour grâce à ses… 500 ânesses.

L’écrivain Ovide, lui, ne s’en cachait pas : il livrait volontiers des recettes beauté, comme un masque à base de miel, orge, narcisse et gomme. D’autres produits, plus toxiques comme la pâte de plomb, étaient pourtant très répandus, malgré la connaissance de leur dangerosité.



Flacon de parfum romain en verre. 1er-2ème siècle de notre ère.
Flacon de parfum romain en verre. 1er-2ème siècle de notre ère. Provenance inconnue.

Byzance : héritiers d’une tradition millénaire


À l’époque byzantine, les cosmétiques restaient populaires chez les hommes comme chez les femmes. Teintures capillaires (l’urine de garçon était réputée efficace !), crèmes anti-rides, lotions hydratantes, colorants pour les sourcils…

Les Byzantins entretenaient leur image avec un soin tel qu’ils furent parfois moqués en Europe de l’Ouest. Les prédicateurs chrétiens dénonçaient la vanité excessive, mais les preuves archéologiques abondent : cuillères, flacons, creusets, applicateurs… Tout un art de vivre autour de la beauté perdurait.



Coffret à cosmétiques byzantin suspendu à trois chaînes.
Coffret à cosmétiques byzantin suspendu à trois chaînes. Contient cinq petits flacons pour parfums et onguents. L'extérieur est décoré de huit des neuf Muses classiques. Une neuvième figure, sur le dessus du coffret, pourrait être la dernière Muse, mais elle est dépourvue d'objet d'identification ni de la coiffe à plumes portée par les autres. Vers 330-370 apr. J.-C. Photo : Osama Shukir Muhammed Amin


Conclusion : une histoire d’élégance et d’ingéniosité

Depuis l’Antiquité, la cosmétique est bien plus qu’un artifice. Elle raconte notre rapport au corps, au regard des autres, au sacré, à la nature. Les contenants cosmétiques — qu’ils soient en albâtre, en bronze, en verre ou, aujourd’hui, en bambou — incarnent cette histoire riche de gestes, d’ingrédients insolites, de savoir-faire et de beauté.


Sources, Bibliothèque interuniversitaire de Santé, Paris, Mark Cartwright, British Museum


 
 
 

Comments

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating
bottom of page